Jean-Pierre Blanche a traversé le siècle en peinture, avec constance et conscience, humilité et fierté, patience et passion. Explorant la lumière, la matière, le cadre et l’espace depuis ses ateliers méditerranéens, il allait très souvent peindre sur le motif, ce qu’il voyait des paysages, pour revenir transformer ses croquis en œuvres à l’atelier. Mais il peignait aussi ce qu’il habitait : une table, une chaise, un bouquet de fleurs, des fruits, en particulier des grenades, un pot, la ligne d’une véranda, un pan de ciel vue à travers elle. Chaque toile, chaque dessin, chaque objet capté est une façon de regarder le monde, mais aussi de l’habiter, du dedans, entre les murs d’une demeure qu’on fait sienne, un monde dans le monde. D’ailleurs, en excellent coloriste, l’artiste a toujours peint les murs de ses maisons, de couleurs étonnantes, qui parlaient entre elles, sans compter qu’elles s’accompagnaient de petites phrases fétiches, extraits de ses nombreuses lectures, proverbes ou simples paroles entendues et retenues pour leur pertinence. Autant de fragments dont la mosaïque détonnait ou composait avec les couleurs, ouvrant un incroyable champ de pistes à penser et à imaginer au cœur de ses maisons, qui recevaient souvent, artistes, famille, amis. Havre de paix pour certains, terre d’accueil pour d’autres. Car habiter, c’est aussi se laisser habiter...